NAVIGUER À TRAVERS DE NOUVEAUX OBSTACLES EN 2021 | Cycling Canada Cyclisme

NAVIGUER À TRAVERS DE NOUVEAUX OBSTACLES EN 2021

Par Ruby West, athlète professionnelle de cyclo-cross et athlète NextGen sur piste

Nous sommes le 3 décembre 2020 – Je viens de revenir d’une sortie à vélo jusqu’à Oudenaarde, en Belgique, où je suis basée.

Il fait trois degrés et il pleut sans cesse depuis les deux derniers jours. Je viens de revenir d’une  sortie qui était censée prendre trois heures, mais qui en a finalement pris quatre. Je n’ai pas pris en compte les vents forts qui accompagnent souvent la pluie lorsque j’ai planifié un itinéraire trop optimiste et j’ai souffert au cours de la dernière heure, coïncidant parfaitement avec le moment où j’ai manqué de collations.

Je tremble.

Je lave mon vélo et je m’arrête dans l’entrée pour enlever les trois vestes que je portais pour essayer de rester au chaud, qui sont maintenant toutes trempées. Je me fraye un chemin à travers la cuisine pour me préparer un smoothie de récupération tout en mangeant une demi-baguette avec du Nutella. J’ouvre mon téléphone et j’ai 5 courriels non lus et un long fil de messages sur WhatsApp par rapport au calendrier et aux tests COVID pour les courses du week-end à venir. Redoutant toute l’énergie que je sais que je devrai mettre plus tard pour répondre, j’essaie de ne pas penser à cet essai que je dois aussi écrire.

Je monte à l’étage pour essayer de me réchauffer. Après avoir attendu 15 minutes que mes orteils décongèlent et que ma peau revienne à la normale, je rampe enfin dans la douche complètement épuisée.

Juste un autre jour dans la vie fabuleuse d’une athlète professionnelle et d’une étudiante, vivant à l’autre bout du monde, seule, au milieu d’une pandémie mondiale. En même temps, je me suis entraînée toute ma vie pour cette opportunité.

Je me suis engagée envers mon équipe à rester en Europe et à courir ici et je me suis promis que je finirais la saison. Après tout, c’est ce que je voulais.

Cependant, après des résultats décevants à plusieurs courses de suite, c’est de plus en plus difficile d’être si loin de chez moi. Un océan me sépare du confort de mes amis et de ma famille que je n’ai pas vu depuis des mois. C’est difficile d’être absente quand tout va bien, mais ajoutez à cela une pandémie mondiale et les défis associés avec le fait d’être la seule coureuse nord-américaine dans une nouvelle équipe européenne et je vous garantit que c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire.

Tout au long de la saison, je me suis couchée dans mon lit, incapable de dormir, en me demandait ce que je fais ici. La seule explication que je réussi à trouver est que c’est mon rêve d’être ici, celui que je poursuis depuis que j’ai commencé à faire du vélo il y a près de 10 ans. « La jeune moi serait fière. Tout le monde à la maison est si fier. » C’est facile de se dire ces mots, mais c’est moins facile de les croire et d’y trouver du réconfort.

Malgré toutes les émotions pendant ces jours plus gris, il y a des moments de soleil, métaphoriquement et littéralement. Il y a 2 chiens près de moi, un dans ma maison et un qui appartient à mon directeur sportif. Ils réussissent à temporairement soulager mon stress et mon mal du pays lorsqu’ils sourient et se tournent pour que je puisse caresser leur ventre.

Il y a une famille locale qui gère un kiosque de poulet rôti où je me rends à vélo et des boulangeries à chaque coin de rue. Certains jours, c’est plus facile de trouver du confort dans cet endroit étranger; ce sont les petites choses qui peuvent être insignifiantes pour certains, mais qui me donnent le sentiment d’être chez moi, ce qui rend tout ceci un peu plus facile.

Au fil du temps, j’apprends à trouver des opportunités qui m’aident à avoir de bonnes journées. Je passe plus de temps à ralentir pour profiter des petites tâches qui peuvent paraître banales, comme préparer mon café le matin ou siroter une tasse de thé dans mon pyjama pendant qu’on regarde une reprise de course. Lorsque le confort n’est pas facile à trouver, vous apprenez à le créer vous-même.

Même si certains jours ont l’impression d’être pareils, je sais que je peux les rendre plus faciles afin que tout ceci en vaille la peine. Je dois constamment me rappeler que je vis le rêve de beaucoup de personnes, et j’ai la chance de me réveiller et de mettre mon casque à chaque jour.

Je complète un autre entraînement; J’écris cet essai; J’organise et me présente pour ces tests COVID; Je participe à la prochaine course et celle d’après et celle d’après. Je suis ici et je dois finir ce que j’ai commencé. Malgré le fait que ce n’est pas une saison comme les autres, que je fais partie d’une nouvelle équipe, dans un pays différent, dans un monde où les choses peuvent sembler effrayantes et incertaines, je suis venue ici avec des objectifs et je veux terminer la saison dans un sport que j’aime et pour lequel j’ai travaillé toute ma vie. Je continue d’avancer.

Ce n’est pas toujours facile, et cette année était loin de l’être, mais la perspective et les leçons que j’en ressors resteront toute ma vie.